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Le Programme Spatial Bresilien : autopsie d’une strategie volontariste

By 26 de mayo de 2014No Comments

Afin de donner corps à ses ambitions et développer sa capacité technologique, le Brésil se doit d’obtenir une autonomie aérospatiale. La tertiairisation globale dans laquelle s’est lancé le pays, suppose implicitement mais nécessairement que sa puissance s’étende au-delà du globe. Or actuellement, le pays est dans l’incapacité de lancer des satellites par sa seule technologie.

Pour répondre à ses ambitions, depuis les années 60, et sous l’impulsion du Président Quadros, le Brésil construit un projet spatial qui gagne en crédibilité chaque décennie. Le Programme National des Activités Spatiales 2012-2021(PNAE) met en exergue cette volonté spatiale brésilienne. La stratégie exposée y est claire : le développement du secteur aérospatial permettra, par effet de capillarité, de développer l’ensemble de la société brésilienne, tant sa branche scientifique que sa branche professionnelle .  Plus précisément, l’INPE (Institut National de Recherche Spatiale) a établi une time line qui répond à ces objectifs. Dans son rapport pour la période 2011-2015, pas moins de 14 missions satellitaires sont à réaliser entre 2012-2020, dont l’ambitieux «Brasil-SAR-1  », un satellite de télédétection de 2,5 tonnes, servant à la surveillance environnementale, pouvant observer avec des résolutions de 5 à 30m. Le Ministère de la Défense possède lui aussi son programme aérospatial nommé « Plan Stratégiques des Systèmes Spatiaux » (PESE), qui est l’écho militaire du dessein aérospatial brésilien . L’objectif du PESE est de fournir une solide infrastructure de défense aérospatiale visant autant la modernisation que l’exploitation de nouvelles structures. Mais l’une des principales innovations du PESE est le projet de créer un Centre d’Opérations Spatiales (COPE), qui permettrait la coordination de toutes les activités aérospatiales.

Toutefois, il existe encore un fossé entre la politique volontariste affichée et sa matérialisation pécuniaire. Il ressort avec évidence que la participation du secteur privé et la coopération politique internationale contribueront à la réussite de cette stratégie.

Le secteur privé catalyse le projet aérospatial brésilien, en particulier, grâce au géant Embraer et sa joint venture Visiona. Véritable champion national, le constructeur aéronautique Embraer est aujourd’hui un groupe protéiforme et polyvalent, très actifs sur le marché international, et qui profite de la scène du LAAD  pour faire la démonstration de sa montée en puissance dans le secteur. Pour autant, Embraer est l’arbre qui cache la forêt. En effet, le tissu d’entreprises brésiliennes se trouve composé de nombreux acteurs de petites tailles, dépourvus d’un réel soutien financier étatique. Les acteurs locaux du BTP ont tour-à-tour créé leur filiale « Défense et Sécurité » afin de bousculer la hiérarchie actuelle . Des efforts vains à l’heure actuelle, comme en témoigne le programme SISFRON  remporté par le consortium TEPRO mené par Embraer. Cette absence de diversité offre une réelle opportunité pour les investisseurs étrangers. Ainsi, Thalès et Airbus Group ont acquis respectivement Omnysis et Equatorial, leur permettant de s’inscrire solidement dans le paysage aérospatial brésilien. Le Brésil trouve chez ces investisseurs étrangers un instrument de coopération intéressant qui facilite l’acquisition de technologies et la création d’emploi . Le récent contrat remporté par Thales Alenia pour la fourniture d’un satellite géostationnaire (SGDC) –prévu dans le nouveau PNAE – illustre bien  cette nouvelle stratégie politique orientée vers la coopération et privilégiant le transfert de technologie .

Etant à la recherche de technologies et de financements extérieurs, le Brésil s’est aussi tourné vers une coopération politique internationale avec d’autres États désireux de parfaire, eux aussi, leur conquête de l’espace.

Or, contrairement à la coopération avec le secteur privé, la coopération politique internationale ne délivre pas les résultats escomptés. Avant tout, ces partenariats se lient entre des nations qui sont émergentes dans le secteur aérospatial et le Brésil ne peut tirer, de ces partenariats, les compétences indispensables à son propre essor technologique. Par ailleurs, les projets internationaux du géant d’Amérique du Sud essuient de nombreux échecs et retards. Notamment le partenariat avec l’Ukraine concernant le lanceur de satellite Cyclone-4 qui par manque de financements n’est toujours pas achevé. Initialement, sa mise en fonction était prévue pour l’année 2006. Autre illustration, le partenariat avec la Chine, concernant le CBERS-3, un satellite de surveillance environnementale, s’est soldé par un échec au moment de son lancement, celui-ci ayant échoué près de l’Antarctique .  Ces projets démontrent toutes les difficultés du Brésil à exploiter le meilleur de ses relations avec d’autres États.

Ainsi, le pays développe tout autant ses intérêts nationaux avec le secteur privé, que sa coopération internationale avec d’autres États. La conséquence est que ces stratégies ambivalentes court-circuitent un grand projet régional d’Alliance Latino-Américaine des Agences Spatiales , qui, malgré des intérêts communs, ne peut affleurer.  En définitive, la stratégie du pays, de se concentrer sur la pratique aérospatiale et non sur la maîtrise des technologies, permet néanmoins aux investisseurs étrangers de transférer leur savoir-faire et de conditionner la prise de conscience nationale d’investir en R&D. Depuis 1997 le gouvernement auriverde, cherche à placer sur orbite un engin par ses propres lanceurs. Le 22 août 2003, lors du lancement, la fusée avait explosé ôtant la vie à 21 ingénieurs.  Malgré ce triste évènement, le Brésil n’a jamais cessé sa course pour l’espace, et aujourd’hui, plus que jamais, le pays est aux portes de l’autonomie spatiale.

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Dorian Retali, étudiant dans le Master 2 Juristes d’Affaires Internationales de l’Université de Rennes et au sein du service Relations Gouvernementales de Barral M Jorge.

 

 Programme élaboré par le ministère de la Science, Technologie et de l’Innovation : http://www.aeb.gov.br/wp-content/uploads/2013/01/PNAE-Ingles.pdf
  SAR = Synthetic Aperture Radar
  http://www.defesa.gov.br/projetosweb/cedn/arquivos/palestras-junho-2013/os-setores-estrategicos-da-end-aeroespacial.pdf
  Le LAAD est  un salon de Défense et Stratégie se déroulant à Rio de Janeiro tous les deux ans, le prochain sera   
en 2015 http://www.laadexpo.com.br/?lang=en
  Il est possible de citer, entre autres, Odebrecht, OAS, Andrade Gutierrez, Queiroz Galvão
  http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/20120924trib000721089/defense-thales-et-eads-ratent-un-megacontrat-au-bresil.html
  Selon la loi brésilienne, toute réponse favorable d’appel d’offres doit engendrer une production partiellement nationale.
  http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/20131218trib000801837/comment-thales-alenia-space-a-gagne-au-bresil.html
  http://www1.folha.uol.com.br/ciencia/2013/12/1382856-fracassa-lancamento-de-satelite-brasileiro-em-parceria-com-a-china.shtml
  http://www.wallonie-espace.be/uploads/file/we_infos_n_71_novembre_decembre_2013_esa_lancements_inde_lune_mars_oufti_cubesats.pdf

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